1954 – (L’ANNÉE DE MON INTÉGRATION À AIR FRANCE)
Comme annoté ailleurs, j’ai commencé à travailler pour Air France le 1er août 1953, mais je n’ai été intégré que le 1er Mars 1954.
On va voir ensemble ce qui s’est passé dans le monde de l’aviation pendant cette année là, déjà si lointaine mais si importante pour moi.
- La situation étant très préoccupante en Indochine, la SAGETA, société créée à l’initiative des pouvoirs publiques, a commencé à exploiter un pont aérien entre ces territoires et la France métropolitaine avec un Armagnac.
- Le département des statistiques du gouvernement américain a annoncé qu’il y avait 6760 aéroports aux États-Unis.
- Parti de Los Angeles à destination de New York, un DC 7 d’American Airlines a gagné 2 h 7 min sur TWA pour cette liaison. Le continent a été traversé sans escale en 6 h 10 min.
- Les services standard transatlantiques d’Air France (Montréal, Chicago et New York) seront équipés de lits. Chaque avion aura une cabine avec quatre lits. Suppléments variant entre 12300 F et 17500 F.
- La Panam a lancé le voyage aérien à crédit. Les billets sont payables 10% à la réservation et le restant en 20 mensualités.
- L’industrie aéronautique américaine employait à l’époque plus de 800 000 personnes.
- Durant un meeting aérien à Valenciennes, André Tesson a passé le mur du son en piqué 
sur Mystère II, en transmettant ses impressions en direct aux spectateurs. Soudain, il a annoncé : «J’ai perdu le contrôle de l’avion». Il a voulu s’éjecter, mais la verrière s’est coincée. Déclenchant la cartouche du siège il s’est tué en heurtant l’arceau du cockpit.
- Clyde Cessna, fondateur en 1916 de la Cessna Aircraft Company à Wichita, États-Unis, est décédé à l’âge de 74 ans.
- Après un accident de plus avec un Comet I, à l’Île d’Elba (Italie), la compagnie anglaise BOAC a décidé de prendre des mesures immédiates, avant même que ne soit entamée la collecte des débris. Vols suspendus.
Entretemps le constructeur de Havilland s’inquiétait car les commandes ne cessaient pas d’affluer. Les accidents se produisaient toujours dans des conditions aussi soudaines que mystérieuses.
- Lockheed et Kawasaki ont signé un contrat pour la production d’appareils militaires, ce qui était interdit au Japon depuis la guerre.
- Washington a accordé à Air France la cinquième liberté. Ses Super Constellation pourraient désormais embarquer des passagers à New York pour les débarquer à Mexico et vice versa. Pour l’OACI, la première liberté est celle de passer au-dessus d’un pays pour en rejoindre un autre. La seconde autorise les escales techniques sans commerce de passagers. La troisième autorise à débarquer des passagers dans le pays visité sans en embarquer au départ. La quatrième autorise le retour avec passagers.
- Melun – Villaroche : dans la tribune René Pleven, ministre de la Défense français et Dunkan Sandys, le ministre britannique de l’Armement. Présent aussi le responsable des achats de RAF. Décidé à les éblouir, le pilote français Constantin Rozanoff veut effectuer un passage à très basse altitude à la vitesse du son. Il décolle, s’éloigne en montant et revient vers le terrain en piqué. Il allume la postcombustion au moment où il se retrouve parallèle au sol et règle l’assiette de l’avion avec la commande électrique du trim. Quand il veut contrecarrer une tendance à piquer, la commande se bloque. Le Mystère IV descend, touche le sol et explose devant le publique. C’était la fin d’un pilote que l’on croyait invulnérable.
- Après deux ans de familiarisation avec les problèmes de la navigation polaire, Scandinavian Airlines System a inauguré la ligne Copenhague - Los Angeles par les régions polaires. Les déclinaisons magnétiques sont telles que toute lecture d’instrument devient source de panique si le pilote n’a pas été instruit et entraîné. Les États-Unis ont donné leur accord pour cette ligne seulement après avoir mis au point leur service de sauvetage…
- La formation d’Air Inter a pu être menée à bien grâce à trois banques : la banque de l’Indochine, la banque de Paris et des Pays-Bas et la banque Lazare Frères. Édouard Catalogne, de la banque d’Indochine, a été le premier président-directeur général de la nouvelle société qui allait se spécialiser dans l’exploitation des lignes intérieures. Air France et SNCF se sont ralliées à ce projet, chacune avec 24% du capital. UTA et TAI détenaient 15%. Pour le démarrage TAI a prêté des DC 6 B et des DC 3.
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