DISPARUS MAIS TOUJOURS PRÉSENTS !

29 octobre 2004

Quand on atteint un certain âge on est plus souvent confronté avec la mort. Petit à petit disparaissent des familiers, des amis, des collègues, parfois tout simplement des personnalités qui ont marqué nos vies.

Je vais vous en parler de cinq amis disparus après mon départ á la retraite.

En Décembre 2001, en lisant le bulletin de «L' Amicale d'Air France», j'ai appris la disparition de Pierre PRANVILLE mon premier Chef d'escale. Je fais citation d'une partie de l'article écrit par son fils Pierre-Michel, Chef steward à Air France.

«AIR FRANCE, UNE "ENTREPRISE FAMILIALE"

- HOMMAGE À PIERRE PRANVILLE

Pierre Pranville était vraiment un homme de terrain, passionné par la vie de la ligne. Comment pouvait-il en être autrement quand on est le fils de Julien Pranville, Directeur de l'Exploitation de l' Aéropostale disparu en mission en allant accueillir Jean Mermoz après sa traversée de l'Atlantique Sud le 10 mai 1930 à Montevideo. L'objectif de Pierre Pranville était de devenir pilote mais la guerre a bouleversé le cours de ses études. En 1948, il passe le concours d'agent d'opérations et intègre le Quart Opérations d'Air France. Chef d'escale à Telavive en 1952 puis à Lisbonne de 1952 à 1955, il retourne ensuite au Quart Opérations à Orly en qualité de Chef de Quart. En 1962, il part pour Madrid comme Chef d'escale puis Chef d'Exploitation pour l'Espagne. Retour à Orly en 1966 où Pierre Pranville participe au lancement de la flotte cargo Pélican. En 1972, il va à la Direction des Opérations Aériennes puis est nommé en 1976 Chef d'escale de permanence à Roissy. Il quitte la "vie active" en 1984 après 36 ans d'une carrière particulièrement tournée vers l'exploitation. Il ne quitte pas Air France pour autant puisqu'il participera étroitement au Comité Directeur des Anciens d'Air France puis l'Amicale d'Air France et deviendra Président de son Comité d'Honneur.

Jeune steward à la Compagnie, je me souviendrai avec émotion d'avoir parcouru bien des couloirs du Terminal-1 de Charles de Gaulle avec mon père qui me montrait avec un vif plaisir ce qu'il appelait avec malice les coulisses de l'exploit : l'escale. Il était toujours présent là ou la situation se dégradait, la pipe fumante, un mot aimable pour un client, un encouragement pour un agent. Devinez ce qui alimentait les conversations familiales ? Des histoires de Chefs d'escale et du Personnel navigant... Nous pratiquions déjà en famille ce qui sera appelé plus tard la synergie sol-vol. Pierre Pranville laisse derrière lui une famille qui va poursuivre sa route en composition d'équipage réduite avec, autour de son épouse Michèle, fille d'Élysée Négrin, pilote pionnier des Lignes Aériennes Latécoère et de l'Aéropostale, ses quatre enfants et sept petits-enfants. Il faut croire qu'il a su transmettre avec conviction sa passion de l'exploitation aérienne puisque deux de ses enfants sont «Navigants» à Air France et l'un des ses petits-fils est mécanicien stagiaire à Vilgénis. Voilà quatre générations successives présentes à Air France. Bravo Pierre.

Pierre-Michel Pranville, chef steward»

J'ai travaillé avec Nuno PIMENTA DE CASTRO (Agent d'opérations aériennes) pendant trente ans. Il est mort à l'âge de 80. Je le voyais assez souvent car il habitait à 500 mètres de chez-moi : parfois achetant son journal préféré, d'autres fois en déjeunant dans le même restaurant. Plusieurs problèmes de santé mais apparemment réglés.

On l'a trouvé un matin (il étai veuf) assis devant la télévision.

Le jour de mon 64^e anniversaire (28 Novembre 2002) j'apprends la disparition d'Alejandro MARTINEZ, Chef d'escale de Barcelone. Je le connaissais depuis une trentaine d'années alors qu'il était encore à Madrid. On a fait pas mal de stages ensemble, participé aux mêmes réunions, conférences et conventions. Il disait en riant que j'étais le «plus espagnol des portugais». On avait accompagné ensemble l'évolution politique de l'Espagne et du Portugal, les deux pays sortant de dictatures.

Je l'ai vu une dernière fois au Méridien où il est venu pour mon départ.

Paul CAMPA était un des anciens Chefs d'escale de Lisbonne. Je suis allé plusieurs fois chez lui, à Fresnes, et il m'a rendu visite aussi à Lisbonne. On échangeait des vux à la Fin de l'Année et il n'oubliait jamais la date de mon anniversaire. Il m'a envoyé un message lors de mon départ à la retraite.

J'ai pris connaissance de sa mort par une note accompagnée de photo et signée par Mme Reine Campa et par ses deux fils Bernard et Odile :

«Paul a quitté notre monde le 24 Avril 2003.

Conformément à ses souhaits, ses obsèques se sont déroulées le 30 Avril dans la plus stricte intimité.

Souvenez-vous de sa joie de vivre et de sa bonne humeur !».

Francisco BORDALO : je l'ai connu à Air France en tant qu'Agent des réservations. A quitté la Compagnie pour aller à Royal Air Maroc.

Avons fait un bout de chemin ensemble comme délégués syndicaux.

Finalement il est entré à Portugália où il est devenu Directeur commercial.

Il était aussi au Méridien, alors qu'il souffrait déjà d'un cancer.

En 2003, Concorde a pris sa retraite après plus de 27 ans de service. «Le Concorde ne s'arrêtera pas vraiment, parce qu'il ne sortira jamais de l'imaginaire des hommes» - a déclaré le Président Jean-Cyril Spinetta.

Les amis eux aussi ne sortiront jamais de notre imaginaire. Ils seront TOUJOURS PRÉSENTS !

Raconté l'essentiel de ma carrière, je reviendrai bientôt avec d'autres souvenirs, photos et documents. Pour cela je vais faire des recherches approfondies surtout dans les tiroirs de ma mémoire.

Dorénavant ce blog sera mis à jour à des intervalles plus espacés.

N'hésitez pas à m'écrire, ça me fera plaisir.

( gabrieldesousa@clix.pt )