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Air France - une Histoire d'Amour
24 octobre 2005

AÉROPORT DE LISBONNE et UN PEU D’HISTOIRE

- Finis les vols exclusifs des pionniers et des héros, les surfaces de terrain utilisées dans les atterrissages et décollages ont donné lieu un peu partout à des aérodromes disposant d’équipements et d’installations pour le mouvement des avions, des passagers et du fret. Lisbonne ne pouvait pas être une exception et devait posséder aussi cette infrastructure.    

C’est ainsi que, au Printemps 1929, après une polémique qui durait depuis un an, décision a été prise de localiser le principal aéroport civil portugais à Portela de Sacavém, endroit où il se trouve encore à l’heure actuelle. Il ne serait inauguré que le 15 Octobre 1942 !

À partir de là, les besoins des compagnies et le développement de l’Aviation ont fait de l’aéroport de Lisbonne un chantier perpétuel, même quand on ne le voit pas. L’ère des jets et plus tard des jumbos ont «exigé» le prolongement des pistes, l’augmentation des points de stationnement et l’ampliation de l’aérogare (années 1960/70).

En 1980, déjà sous gestion d’une entreprise publique (ANA), l’aéroport est entré dans une phase de remarquable développement qui durera sans doute jusqu’à l’inauguration du Nouvel Aéroport que, selon les dernières nouvelles, devra être prêt en 2017 probablement à OTA au Nord de Lisbonne. La polémique est de nouveau installée.

UN PEU D’HISTOIRE

- En 1632 (vous avez bien lu…), un professeur universitaire de Coimbra batolomeu_gusmao1(Francisco Mendonça) posait cette question : «L’air pourra-t-il être navigable?». La mythologie classique avait laissé aussi sa trace en racontant le voyage d’Icare et sa tragique chute. L’histoire nous a laissé les dessins de Leonardo da Vinci et tant de tentatives d’autres pionniers. Un parmi d’autres était le prêtre Bartolomeu de Gusmão qui, le 3 août 1709, en présence du roi João V, a fait la démonstration pratique d’une telle possibilité, en présentant son ballon.

Le premier homme à voler en territoire portugais serait Vincenzo Lunardi etvincenzo_lunardi était italien (le 24 août 1794, toujours en ballon).

- Ce n’est qu’en 1903 que les frères Wright ont réalisé un vol avec une machine plus lourde que l’air, un vol de 200 mètres qui allait changer la face de la planète.

- Le 25 octobre 1909, dans l’ancien hippodrome de Belém, un aéroplane Voisin Antoinette, piloté par le français Armand Zipfel s’est élevé julien_mamet_bleriotxi1dans l’air et a parcouru 200 mètres. L’année après, un Blériot XI piloté aussi par un français - Julien Mamet - a survolé Belém et le Tage. Dix mille habitants de Lisbonne ont assisté à cette aventure.

Le premier portugais à voler dans l’espace aérien lusitanien fut Alberto Sanches de Castro, le 10 avril 1912. Il a réalisé quatre vols à Mouchão (Nord de Lisbonne) avec un Voisin Antoinette : distance maximum 450 mètres et, en altitude, il n’a pas dépassé les cinq mètres. 

En 1919, première liaison Paris Lisbonne avec un Breguet piloté par Lelo Portela et António Maya. La même année, arrivée à Lisbonne du premier hydravion en provenance des États-unis, piloté par le commandant Reed.

- Le colonel Norton de Matos présente entre-temps un document sur l’avenir de l’aviation commerciale, suggérant la création de trois aérodromes, un à Lisbonne, les autres à Porto et Algarve.

- L’aviation se développait sans arrêt et dans les années «20» Sacadura Cabral coutinho_cabral_fairey3et Azevedo da Silva ont volé d’Angleterre au Portugal à bord d’un Fairey. En 1921, dans un hydravion Fairey 3, Sacadura Cabral, Gago Coutinho, Ortins de Béthencourt et Roger Soubiran lient Lisbonne à Funchal, en 7 h 40 de vol utilisant un sextant adapté à la navigation aérienne par G. Coutinho. Ensuite la traversée de l’Atlantique Sud avec le Fairey «Lusitânia» (G. Coutinho et S. Cabral).

En 1924, raid Lisbonne Macao avec Brito Pais, Sarmento Beires et Manuel Gouveia. Partis le 7 avril, ils sont arrivés à destination le 20 juin après avoir fait 23 escales!

Réalisation de plusieurs vols utilisant un Junkers G-24, le but étant la création de lignes commerciales. On utilisait les aérodromes de Alverca et de Amadora, ainsi que le terrain de Granja do Marquês à Sintra.

Carlos Bleck a été le premier pilote civil à recevoir un brevet portugais.

En 1927, première traversée nocturne de l’Atlantique Sud entre Lisbonnelisboa_macau_1924 (Alverca) et Rio de Janeiro avec 8 escales, les pilotes étant Sarmento Beires, Jorge Castilho et Manuel Gouveia et l’avion un Dornier-Wall.

Création de la première compagnie d’aviation du Portugal - Serviços Aéreos Portugueses.

Un monomoteur Junkers F-13 a été le premier aéronef enregistré dans le pays (C-PAAC, baptisé Lisboa).

En 1928, des avions militaires ont fait plusieurs atterrissages dans les terrains du Jockey Club pour vérifier la fiabilité de cet emplacement pour la construction de l’aéroport de Lisbonne.

Un raid Lisbonne Maputo, qui s’appelait alors Lourenço Marques, a eu lieu en 1928. Pilotes Pais de Ramos et Oliveira Viegas.

Le 1er Mars 1928, lors d’une réunion dans la Mairie de Lisbonne, on a pris  la décision de construire l’aéroport à Portela de Sacavém.

En 1929, création de la Sociedade Portuguesa de Estudos de Linhas Aéreas (SPELA) associée à deux sociétés françaises (Compagnie Générale Aéropostale et Société des Moteurs Gnome et Rhône).

tigers_moth_19361En 1930, premières expropriations de terrains où l’aéroport allait être construit.

Les raids continuaient… Moreira Cardoso et Sarmento Pimentel ont volé d’Amadora  à Goa à bord d’un De Havilland ; Carlos Bleck et Humberto da Cruz ont fait le voyage Lisbonne Luanda Lisbonne.

En 1934, Carlos Bleck ferait Lisbonne Goa en solitaire à bord d’un De Havilland Cirrus. Cette même année création d’Aero Portuguesa et inauguration de sa ligne Lisbonne Tanger avec correspondance sur les vols d’Air France à destination d’Afrique Occidentale.

Premier vol Lisbonne Dili (Timor) Lisbonne avec les pilotes Humberto da Cruz etlisbonne_goa_1934 Gonçalves Lobato.

Aero Portuguesa continuait entre-temps à opérer régulièrement entre Lisbonne et l’Afrique du Nord, même pendant la Seconde Guerre Mondiale.

LA CONSTRUCTION DE L’AÉROPORT DEVIENT UNE PRIORITÉ !

- Le dossier «Aéroport de Lisbonne», qui «dormait» dans un bureau quelque part, a eu un nouveau développement en Février 1936 lors du paiement des indemnités aux anciens propriétaires.

Le 1er Mai cinq Tigers Moth militaires ont atterri dans le terrain qui venait de subir les premiers terrassements.

La construction de l’aéroport devenait très urgente car «l’Empire portugais, avec une position géographique unique dans le monde sous le point de vue des junkers_f13_premier_aeronef_portugalroutes aériennes, risquait de voir  Lisbonne être rayée de la carte des grandes communications internationales».

À la veille de la Guerre et malgré l’absence de l’aéroport, plusieurs compagnies faisaient déjà escale à Lisbonne : Ala Littoria, Aero Portuguesa, Air France, British Airways, KLM et Pan American.


- Aero Portuguesa continuait à desservir l’Afrique du Nord (Maroc).

Il y avait des mois où le service était quotidien, certains jours avec deux voyages aller et retour. Un seul avion, un seul équipage et uniquement trois employés que, sous la direction d’un Chef de bureau, faisaient tout, de la comptabilité jusqu’au service de trafic et aux opérations.

- En 1941, avec les pistes déjà prêtes pour l’exploitation, nombreux vols des alliés ont commencé à les utiliser surtout pour des transits et en cas de panne.


- L’aéroport, pas encore achevé, a été quand même ouvert au trafic le 15 octobre 1942. Pour la cérémonie officielle, plusieurs atterrissages et décollages d’un vol de British Airways, opéré avec un appareil de KLM et transportant un ministre portugais…

FINALEMENT LISBONNE AVAIT UN VRAI AÉROPORT !

- Premier Directeur, le colonel Beja qui restait encore en place quand je suis entré à Air France (août 1953).

- Le 21 juillet 1945, création d’une nouvelle compagnie portugaise, la «Companhia de Transportes Aéreos» qui faisait surtout des vols entre Lisbonne et Porto. Arrêt d’exploitation en 1948.

- Avant, on a vu apparaître la TAP, en tant que service du Secrétariat de l’aéronautique civile. Sa première ligne a été Lisbonne Madrid inaugurée le 19 septembre 1946. Le 31 décembre, deuxième ligne - Lisbonne Lourenço Marques (actuellement Maputo) en DC-3. Par curiosité, faisait partie de l’équipage Mlle Lourdes Martins qui a été la première hôtesse de l’air portugaise à bord d’un avion portugais.

- Au début des années «50» on avait déjà besoin d’améliorer les conditions de fonctionnement de l’aéroport de Lisbonne : prolongement des pistes, augmentation des points de stationnement, renouvellement du matériel destiné aux aides radio, au contrôle du trafic aérien et au balisage lumineux des pistes, etc. À la longueur des années, les travaux ne se sont jamais arrêtés et ceci jusqu’à nos jours.

À noter, entre parenthèses, que le dictateur Salazar a voyagé par avion une seule fois dans sa vie : aller et retour à Porto en Constellation (1956).

En 1958, amélioration des installations de ravitaillement carburant. Un peu plus tard, commande d’une nouvelle installation  de radar.

Les pistes ne pouvaient pas être prolongées vers le Sud à cause des bâtiments de la ville, donc la seule possibilité était de faire de nouvelles expropriations au Nord. La prochaine arrivée des Caravelles, des B 707 et des DC 8 a fait accélérer les projets qui étaient  en cours, surtout l’agrandissement de toutes les zones «passagers» et des circuits bagages. Tout ceci a été fait sans jamais arrêter l’exploitation normale de l’aéroport… Chapeau !!

- En 1960, une Caravelle d’Air France en provenance de Paris devenait le premier jet à atterrir à Lisbonne. Au milieu de l’année, encore une «première» pour Air France - un B 707 venant de Paris et allant en Amérique du Sud se posait aussi à Lisbonne. Air France a été donc en quelque sorte la marraine du Portugal pour l’entrée dans l’ère des jets.

La nouvelle piste 03/21 avait été entre-temps  équipée d’instruments permettant des atterrissages avec visibilité réduite.

À peine tous ces travaux terminés, il était déjà question de commencer d’autres. Stationnements, hangars techniques, magasins, tour de contrôle, installations pour les matériaux au sol et amélioration du service de Pompiers.


- En janvier 1968 on commence à discuter la possibilité de construire un nouvel aéroport. Jusqu’à nos jours, 37 ans après !

Et les travaux continuaient. Les Jumbo étaient à l’horizon. Il fallait augmenter la capacité de l’aérogare, le nombre de stationnements, améliorer les circuits passagers et bagages, créer de nouveaux restaurants et bars, une terrasse et le free-shop.

Les années «70» ont amené des préoccupations sérieuses concernant la sûreté. TWA avait même ses propres portiques pour le contrôle des passagers au départ. L’aéroport devrait y penser aussi.

LES DERNIÈRES TRENTE ANNÉES

- Lors de la Révolution des œillets (25 avril 1974), on a vécu des moments très singuliers à l’aéroport.

La police politique (PIDE), qui faisait aussi le contrôle des frontières, a laissé sa place aux militaires et à la garde fiscale jusqu’à la création de la nouvelle Police de Frontières.

On a vu se croiser dans l’aéroport des exilés politiques, qui revenaient au pays, et des responsables de l’ancien régime et des gens très riches qui partaient à l’étranger.

L’année après c’était de retour de milliers de gens en provenance des anciennes Colonies. Selon des chiffres de novembre 1975, on a accueilli en «métropole» 300 000 personnes avec 1 500 tonnes de bagages. Une grande partie a campé à l’aéroport pendant plusieurs jours.

- La création de ANA – Aeroportos e Navegação Aérea pour gérer tous les aéroports du Portugal a donné un nouvel élan au développement de toutes les infrastructures aéroportuaires et de contrôle du trafic aérien.

Les crises économiques mondiales ayant fait diminuer le flux de trafic, lenouvel_ap_ota projet du nouvel aéroport restait stand-by.

De nouveaux travaux d’agrandissement et renouvellement sont commencés en 1983, modernisant l’aéroport de Lisbonne à tous les niveaux. Nouvelle Tour de contrôle.

Quelques années après les avions pourraient se poser même avec brouillard (ILS cat. III).

On prévoyait la saturation de l’aéroport vers 2010. Actuellement on parle de 2017.

Tant qu’on n’aura pas le nouvel aéroport (probablement à OTA, très loin, au Nord de Lisbonne) les travaux d’amélioration continueront. On s’est habitué !!

En attendant, on a envisagé la construction d’une nouvelle aérogare entre les deux pistes. Maintenant, on étudie la possibilité d’utiliser la zone militaire pour les vols charter. Néanmoins, s’il y a toujours la possibilité d’augmenter la capacité d’acceptation des passagers, on ne pourra pas faire autant en ce qui concerne les mouvements des avions, car il y a seulement deux pistes et elles se croisent...

Le Gouvernement actuel a inscrit dans son Programme la construction du nouvel aéroport à Ota jusqu’à 2017, mais la confusion est à nouveau installée. Est-ce que c’est prioritaire ? Et construire où ? À quelle date? Et que fera-t-on de l’aéroport actuel? À suivre...


Bibliographie : Aeroporto de Lisboa 1942/1992

ANA - Aeroportos e Navegação AéreaEdições INAPA - 1992

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Commentaires
G
Ami Marc:<br /> En partant de votre commentaire, je ferai bientôt un article consacré à Clément Ader, ok?<br /> Je vais effectuer des recherches.<br /> Amitiés et bonne année.<br /> Gabriel
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C
ADER (CLEMENT) : Pionnier de l’aviation auquel la France n’a pourtant jamais rendu hommage en lui dédiant le nom d’un aérodrome. Pourtant, ça sonnerait bien, aérodrome Ader!<br /> <br /> (Marc Escayrol)
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C
Voilá, finalment j arrive a faire les commenteires au bonne place<br /> Merci et a bientôt
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