MAI 1991 – AIR FRANCE A FAIT SON ENTRÉE À LA TÉLÉVISION
Air France, en Mai 1991, a créé l’évènement. La Compagnie a fait son entrée sur les écrans publicitaires de la télévision. Une grande première. Jamais un film institutionnel, présentant l’entreprise au grand public, n’avait été projeté sur les chaînes nationales. Un vrai film. Non pas un simple “spot” publicitaire, mais une défense, une illustration d’un certain art du voyage aérien. Non pas une simple mise en valeur du “produit” Air France, mais un hommage au capital le plus précieux de la Compagnie, ses hommes et ses femmes, avec tout leur professionnalisme et leur réel engagement au service du passager.
Le héros du film, un enfant entre ciel et terre. Mais pas n’importe quel enfant. Le Petit Prince, personnage légendaire extrait de l’ouvrage d’Antoine de Saint-Exupéry. Mais l’enfant blond, sur lequel se penchent tant de fées bienfaisantes, symbolisait aussi tous les passagers qui chaque jour empruntent les avions de la Compagnie. Ce qui vaut pour lui, vaudra pour chacun d’entre eux, aujourd’hui comme demain. Si bien que de proche en proche, la relation affective, ainsi nouée avec l’enfant assoupi, s’étend à tout l’univers humain et technologique d’Air France. Le Petit Prince sommeille paisiblement, vulnérable et serein, cependant qu’autour de lui s’activent, dans l’ombre, hommes et machines. Qui ne rêverait d’être ainsi choyé, veillé, secrètement protégé ?
La publicité télévisuelle, c’est entendu, possède une force de conviction déterminante. Pour Air France, s’y aventurer n’en impliquait pas moins de bien préparer son intervention. «Après l’ouverture aux compagnies aériennes des écrans publicitaires de la télévision française, nous étions convenus de surveiller attentivement la concurrence» avait précisé François Eldin, Directeur de la Communication. «Korean Airlines, à l'’occasion des Jeux Olympiques, British Airways et d’autres y ont fait des apparitions épisodiques. Air France ne pouvait pas indéfiniment rester à l’écart»
«On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux» - Cette phrase de Saint-Exupéry, tiré du Petit Prince, délivre un message d’excellence, et s’articule autour du personnel tout entier qui, visible ou invisible, assure la sécurité et la sérénité du passager.
Le premier film institutionnel fournissait précisément l’occasion pour marquer cette conviction : la première valeur d’Air France c’est son personnel. Il fut d’emblée décidé qu’Air France ne ferait la différence qu’en montrant, en lieu et place, les artisans qui en sont à l’origine, le personnel tout entier.
De la conception à la réalisation, le pas fut vite franchi. Il avait été décidé que le film serait une création collective. Pas question de bâtir sur des clichés, des idées toutes faites. Il fallait donc que tous ceux qui allaient contribuer à son élaboration rencontrent tous ceux qui font la Compagnie au quotidien, et là où ils la font. Ateliers, bureaux, salles d’embarquement, avions, tout devait être dévoilé.
Mais l’association du personnel à la réalisation ne s’est pas arrêtée là. Suggérer, conseiller, débattre était bien. Participer au tournage et même jouer dans le film était encore mieux. Force fut de retenir pour les premiers rôles des comédiens professionnels. En revanche, l’essentiel des seconds rôles furent tenus par des agents filmés dans leurs gestes de travail quotidien. Tous s’y prêtèrent non pas seulement de bonne grâce, mais avec enthousiasme.
Un film de se raconte pas. Et surtout pas celui-ci. Il se doit d’être découvert, savouré puisque entièrement construit autour de détails, de petites touches faisant essentiellement et d’abord appel à la sensibilité. Que peint-il, sinon des situations naturelles. Un enfant endormi, une main caressante, une couverture que l’on remonte tendrement sur un fond étoilé. Et puis des ateliers avec d’imposants réacteurs, des banques d’enregistrement animées de passagers pressés, un cockpit où l’on s’apprête sereinement à décoller. Autant de touches légères par quoi s’anime l’émouvant tableau d’une entreprise saisie dans son quotidien. Dans le même temps, cependant, de petits indices laissent à penser qu’il ne s’agit ni d’un enfant comme les autres, ni d’une compagnie comme les autres.
Le film est une toile un peu surréaliste, dans laquelle coexistent et se mêlent, comme dans un kaléidoscope, l’univers couleur acier de la technologie avec celui doré de la chaleur humaine. Tout ce fondu émotionnel étant par ailleurs discrètement servi par des harmonies d’une musique emprunté à Ennio Morricone dans le film Mission.
(Résumé/adaptation d’un article publié dans “France Aviation” - Mai 1991)
Seize ans après, je vois le film avec nostalgie, mais avec la certitude que le personnel de la Compagnie continue à être son capital le plus précieux.