LES PIONNIERS DE L'AVIATION – PAUL CORNU
Paul Cornu, ingénieur et inventeur français, est né à Glos-la-Ferrière, dans l’Orne, près de l'Aigle, le 15 juin 1881. Décédé à Lisieux le 6 juin 1944.
Il était l’aîné d'une famille de 15 enfants. Quand il avait neuf ans (1890), sa famille s’est installée à Lisieux. Son père, Jules, était très habile. Il savait dessiner et avait fait lui-même quelques inventions. En 1884, il a notamment établi un projet de dirigeable qui présentait plusieurs analogies avec certains dispositifs du Zeppelin. C’est lui qui a lancé son fils.
Certificat d'études en poche, Paul a réalisé sa première invention à 14 ans : un régulateur de température pour couveuse. Pour faire bouillir la marmite, les Cornu père et fils réparent des vélos et des machines à coudre dans leur atelier, près de la gare. Ils sont bien connus et estimés des nombreux chauffeurs parisiens qui roulent vers la côte normande.
Parallèlement, ils mettent au point un vélo à moteur, un tricycle à vapeur, une pendule thermique, une moto... Grâce à la publication de leurs travaux dans des revues, ils se font connaître.En 1904, ils réalisent une “voiturette ultralégère” à deux moteurs (un pour chaque roue arrière). Elle atteint 70 km/h. Ils reçoivent des commandes d’industriels d’Ukraine, de Roumanie et d’Angleterre, mais aussi de médecins de campagne. Elle ne sera pourtant jamais commercialisée. Les Cornu n'avaient pas le sens des affaires.
En 1905, Paul Cornu commence à s’intéresser à l’aviation et au décollage
vertical. Des quantités de maquettes avaient déjà volé, mais pas de modèle grandeur nature. Un an plus tard, l’inventeur a tenté un essai devant les notables de la ville, ce qui lui a permis d’obtenir 12 000 francs de souscriptions pour construire le modèle définitif. L’engin ressemblait à un gros insecte équipé de deux hélices montées sur de grandes roues de bicyclette.
Paul Cornu a été le premier à avoir décollé à bord d’un hélicoptère de sa fabrication à Coquainvilliers, dans les environs de Lisieux, le 13 novembre 1907. «L’après-midi, ce jour-là, à la seconde mise en marche, l’appareil se soulève avec son sac de 55 kg (figurant le pilote). Paul Cornu essaie de le maintenir, mais il se trouve enlevé. Son frère, Jacques, resté accroché au bâti de l’engin, est presque enlevé, lui aussi. Il s’en faut de peu pour que l’appareil leur échappe. Paul Cornu saute alors à plat ventre sur l’une des poignées et, se cramponnant d’une main au châssis, il parvient de l’autre à diminuer l’avance à l’allumage».
L’appareil retouche le sol sans aucun dégât. Ce ne fut pas une odyssée au firmament, juste quelques secondes de lévitation à 1,50 m de haut. Ce fut néanmoins un vol historique, un saut de puce et de géant à la fois. Pour la première fois, une machine s’est affranchie du sol sans élan avec un homme à bord. Il y avait du rêve d’Icare dans la trouvaille de Paul Cornu, alors âgé de 26 ans.
Cette date est citée dans presque toutes les histoires de l’aviation, comme étant celle du premier vol libre d’un hélicoptère avec son pilote. En réalité, le premier vol vraiment contrôlé aura lieu, d’après le journal des essais, quelques jours plus tard (l’appareil est alors retenu par des cordes : ce n’était donc pas un “vol” libre).
Pour les essais, l’installation était simple : un plancher dans un herbage sur lequel était posé l’engin.
L’hélicoptère Paul Cornu était muni d’une selle, de quatre roues de vélo et de deux hélices sustentatrices de six mètres de diamètre en guise de rotor. Son moteur était un Antoinette de 24 ch. C’était une immense courroie de 22 mètres qui actionnait les deux hélices. À chaque extrémité de l’appareil, un plan inclinable recevait l’air refoulé par l’hélice et assurait la propulsion horizontale. Le poids de l’appareil atteignait 330 kg (avec le pilote).
Deux mois avant Paul Cornu, deux autres Français, Louis Breguet et Maurice Léger, avaient réussi des expériences comparables mais la mémoire collective a retenu celle du Normand. Peut-être à cause de son côté autodidacte et parce que toute une ville était derrière son projet.
Par la suite, Paul Cornu a continué à travailler dans l’atelier familial et a
poursuivi ses expériences, notamment sur les hélices, brevetant un système qui permettait la variation cyclique d’incidence des pales. Après la Première Guerre mondiale, il se découvre une nouvelle passion : la construction de postes de radio.
Paul a été une des milliers de personnes qui meurent à Lisieux en 1944, écrasées sous les bombardements alliés. Il avait 62 ans. Sous les décombres, ont disparu les quelques éléments de l’hélicoptère qu’il avait conservés, les plans et une grande maquette. Heureusement, une caisse de documents a été sauvée. Elle contenait le journal manuscrit des expériences, une importante correspondance, des coupures de journaux, des articles de revues françaises et étrangères et beaucoup de photos et de cartes postales. Tous ces documents ont été déposés par la famille au Musée d'art et d'histoire de Lisieux.
La ville de Lisieux n’a jamais oublié Paul Cornu. Depuis 1969, le plus grand Lycée de la ville porte son nom.
Source : Wikipédia