LES PIONNIERS DE L'AVIATION - MICHEL WIBAULT
MICHEL WIBAULT
Michel Henri Marie Joseph Wibault, pionnier français de la construction métallique aéronautique et des avions à décollage et atterrissage verticaux, est né à Douai le 5 juin 1897. Décédé à Paris le 23 janvier 1963.
Il a été gravement handicapé à l'âge de quatre ans par une poliomyélite affectant ses membres inférieurs et supérieurs.
Il s'est initie à l'aéronautique à travers l'aéromodélisme, la fréquentation des ateliers de Louis Charles Breguet à Douai et du champ d'aviation de la Brayelle, où s’est déroulé le premier meeting d'aviation du monde en 1909.
Après la prise de la ville de Douai en août 1914 par l'armée allemande, Michel Wibault a pu observer l'aviation allemande installée sur le terrain de la Brayelle. Sa bonne pratique de la langue allemande et le peu de méfiance que suscitait le jeune handicapé lui ont permis de prendre de nombreuses notes. Par ailleurs, des amis de la famille Wibault reçoivent l'obligation de loger Anthony Fokker, de passage à Douai pour effectuer des démonstrations devant les aviateurs allemands. Le jeune passionné d'aviation en retire de précieux renseignements. Il décide ensuite de rejoindre la zone non-occupée de la France, par la Suisse, pour mettre en pratique ce qu'il avait appris.
Il arrive à Paris en mars 1917 et convainc le colonel Émile Dorand d'appuyer son projet d'avion de chasse, avec une aide financière qui a été accordée en décembre 1917.
Une maquette testée dans le laboratoire aérodynamique Eiffel a montré son potentiel. Il conçoit, avec l’ingénieur Paul Boccaccio, le Wibault-Boccaccio & Cie, doté d'un moteur Hispano-Suiza de 220 ch. L'avion a réalisé de brillants essais en 1918, avec une vitesse de pointe de 237 km/h et un plafond de 7 500 m. Ces réalisations assoient sa réputation mais la fin de la guerre a interrompu les efforts sur ce prototype.
Il a fondé en 1919 son bureau d'études, la Société des Avions Michel Wibault. Des ateliers sont installés à Billancourt, où sont construits - à partir de 1920 - divers types d’avions monoplaces et biplaces de reconnaissance, de chasse et de bombardement.
Michel Wibault a été un des promoteurs de la construction métallique intégrale en alliage léger à haute résistance. Ces innovations sont appliquées en 1924 sur le Wibault 7C-1, chasseur monoplan à aile haute et haubans rigides. Le Vickers Ltd Aviation Department a adopté les brevets Wibault de construction métallique dès 1925, utilisés sous la marque Vickers Wibault.
Michel Wibault s'est associé en 1931 avec les Chantiers de Penhoët de Saint-Nazaire, dans la société Wibault-Penhoët. Il a conçu des trimoteurs de transport, peu coûteux et destinés à l’aviation commerciale française. Les Wibault 282T et Wibault 283T transportaient douze passagers et ont été mis en ligne par la compagnie Air France.
En 1937, le ministère de l'Air a confié à Michel Wibault, dans le cadre de l'Arsenal de l'aéronautique, un marché de construction d'un quadrimoteur commercial, l'Air-Wibault. Cet avion devrait transporter 72 passagers sur 2 ponts, à la vitesse de 310 km/h. Le projet est arrêté faute de moteur.
Michel Wibault est parti aux États-Unis en 1940. Il a participé à l'organisation de la France libre, à la demande de Charles de Gaulle. Il travaille avec son ancien collaborateur et ingénieur en chef de la Republic Aviation Company, Alexander Kartveli, à la création des XF-12 Rainbow et Republic RC-3 Seabee.
Il a créé, après la guerre, un bureau d'études avec l'aide financière de la famille Rockefeller. Il a déposé en 1954 un brevet de tuyère orientable pour un avion à décollage vertical. Le décollage serait assuré par quatre soufflantes orientables placées autour du centre de gravité de l'avion. La puissance était délivrée par un turbopropulseur Bristol Orion. Ce dernier est développé pour motoriser les projets du Bréguet Br.1010 Aptérion et du Gyroptère. Il n’a pas convaincu les services officiels français, mais a soulevé l'intérêt du Mutual Weapons Development Programme de l'OTAN, basé à Paris. Un rapport a été transmis à Bristol Aero Engines. Avec un ingénieur de cette firme, Gordon Manns Lewis, ils ont adopté ce concept et déposent en 1957 un brevet de réacteur à poussée vectorielle.
À partir du Bristol BE.53 dérivé du brevet, Sidney Camm et son bureau d'études ont conçu le prototype du turbofan à buses orientables Bristol Pegasus, futur Rolls-Royce Pegasus, qui propulse le prototype Hawker Siddeley P.1127 dès ses débuts en 1960.
Michel Wibault a pu encore observer, jusqu’à sa mort, les progrès du concept qu'il avait imaginé, avant la mise en service du Hawker Siddeley Harrier. La Légion d'honneur lui a été décernée.
Source : Wikipédia