1902 - L’ANNÉE DE LA NAISSANCE DE CHARLES LINDBERGH

1902 - L’ANNÉE DE LA NAISSANCE DE CHARLES LINDBERGH

Charles Augustus Lindbergh, pionnier américain de l'aviation, est né le 4 février 1902 à Détroit. Décédé le 26 août 1974 à Hawaii. “L'aigle solitaire”, comme on le surnommait, est entré dans la légende en devenant le premier pilote à relier New York à Paris entre le 20 et 21 mai 1927 en 33 heures et 30 minutes, à bord de son avion Spirit of Saint Louis.

Contrairement à l'idée répandue, il n'a pas été le premier à avoir effectué un vol transatlantique. Albert Cushing Read et son équipage ont réalisé cet exploit les premiers le 16 mai 1919, en hydravion, en 6 étapes (la troisième couvrant d'une traite le voyage du Canada aux Açores), tandis que John William Alcock et Arthur Whitton Brown firent la première traversée d'une traite le 14 juin 1919. Charles Lindbergh fut le premier à l'avoir fait en solo.

Fils d'immigrants suédois, Lindbergh a grandi dans le Minnesota. Son père était avocat et membre du Congrès des Etats-Unis et sa mère enseignait la chimie. Passionné d'aviation, il a abandonné en 1922 ses études de construction mécanique, a passé le brevet de pilote et s'est acheté son premier avion, un Curtiss JN-4 qu'il a réparé pour proposer des baptêmes de l'air.

Le Spirit of Saint Louis a été spécialement conçu, en à peine deux mois, pour la traversée entre New York et Paris. L'enjeu de cette traversée de l'océan Atlantique nord était le Prix Orteig d'un montant de 25 000 dollars.

Lindbergh a été immédiatement adulé par les foules et ceci dès son arrivée à l'aéroport du Bourget à Paris. A chacune de ses escales, durant son séjour en Europe, il a été attendu par de nombreuses personnes qui espéraient l'approcher. Il n'était d'ailleurs pas rare que son avion dut subir de menues réparations et révisions après ses bains de foule, tant les fans étaient pleins de fougue!

Son séjour fut bref et il est reparti aux États-Unis à bord de l'USS Memphis, un croiseur américain sur lequel le Spirit of Saint-Louis fut embarqué en pièces détachées.

Son statut fut tel qu'après sa traversée, il est devenu un interlocuteur important pour toutes les questions aéronavales, qu'il restera jusqu'à sa mort. Il a siégé dans de nombreux comités nationaux et internationaux, dont le comité central du National Advisory Committee for Aeronautics aux États-Unis. Le 21 mars 1929, il s’est vu décorer de la Medal of Honor.

Il s’est marié en 1929 à une riche héritière également pionnière américaine de l'aviation, Anne Morrow Lindbergh, qui lui a donné six enfants. L'aîné fut kidnappé le 1er mars 1932 et retrouvé mort le 12 mai malgré le paiement d'une rançon. Bruno Hauptmann a été arrêté en 1934 et condamné pour l'enlèvement et le meurtre du fils des Lindbergh à la suite d'un procès très médiatisé, qualifié de  “procès du siècle”. Il fut exécuté sur la chaise électrique le 3 avril 1936. Il a toujours clamé son innocence et sa culpabilité fait aujourd'hui toujours l'objet de controverses. Étrangement, plus de deux cents personnes ont confessé l'enlèvement du bébé Lindbergh. La renommée de l'aviateur a sans doute poussé ces personnes à le faire. De l'avis même de son entourage, Lindbergh ne fut plus le même homme à dater du meurtre, désespérant de l'humanité.

Fatigués d’être sous les projecteurs et toujours en deuil, les Lindbergh s'exilèrent en Europe en décembre 1935, près de Londres. Envoyé en Allemagne à la demande de l'ambassade américaine pour effectuer un rapport sur la Luftwaffe, il a rencontré Messerschmitt et se serait laisser leurrer. Il a surestimé l'aviation allemande qu'il fait savoir “invincible”. Il sera même décoré le 19 octobre 1938 de l'ordre de l'Aigle germanique par Hermann Göring, qui lui a montré en primeur de nouveaux avions. A cette occasion, il a qualifié Hitler de “grand homme”. Il l’a jugé moins dangereux que Staline.

De retour aux États-Unis, il a collaboré avec l'armée de l'air. En même temps, il s'est intéressé aux travaux d'Alexis Carrel sur le cœur artificiel, et travailla avec lui à la création de la circulation extracorporelle (ouvrant ainsi la voie à la chirurgie thoracique et à celle de l'aorte).

Partisan de la neutralité américaine au début de la guerre, il a été soupçonné d'antisémitisme. En mai 1941, Roosevelt lui demanda de renvoyer la "médaille de la honte" reçue des mains d'Hermann Göring, ce qu'il refusa de faire, préférant démissionner de son poste de colonel.

Il changea cependant d’avis après l'attaque sur Pearl Harbour, en décembre 1941, et assura une cinquantaine de missions aériennes dans le Pacifique comme civil.

Après la Seconde Guerre Mondiale, devenu consultant pour la compagnie aérienne Pan Am, il a narré sa célèbre traversée dans un livre, The Spirit of St. Louis, qui lui valut le prix Pulitzer. Réhabilité et réintégré dans l'armée américaine au grade de général de brigade, il a consacré son temps à la défense de la nature, condamnant notamment les transports supersoniques.

Marqué par les années de guerre, il s’est demandé si l'aviation était un progrès pour l'humanité. Il terminera sa vie à défendre la nature et des tribus isolées des Philippines. Lindbergh passa les dernières années de sa vie sur l'île hawaïenne de Maui, où il mourut d'un cancer de la moelle épinière. Son corps fut incinéré, puis ses cendres dispersées autour de l'église de Palapala Ho'omau.

En ce qui concerne sa célèbre traversée, Lindbergh a raconté dans ses mémoires qu'il a du lutter contre le sommeil. À plusieurs reprises, il se réveilla quand le train d'atterrissage touchait les vagues. L'avion avait été délibérément conçu sur un profil aérodynamique instable, de façon à ce que ses mouvements réveillent le pilote s'il s'endormait. Il avait embarqué, en tout et pour tout, 2 000 litres d'essence, 4 sandwichs dont il mangea le premier en arrivant au-dessus de l'Irlande, et 2 barres de chocolat. Son avion était équipé d'un réservoir de 1440 litres, situé juste derrière le moteur. Il ne possédait pas de pare-brise avant transparent, mais un périscope pour voir au-delà.

À l'issue de sa traversée, Lindbergh a écrit une lettre au patron de Longines, lui décrivant en détail un modèle de montre-bracelet pour pilote, qui aiderait à la navigation. La montre fut effectivement réalisée, et des répliques sont encore produites à ce jour.

Source : Wikipédia

Regardons maintenant d’autres évènements de 1902, dans le Monde en général et dans l’Aviation en particulier.

DANS LE MONDE :

- Signature du Traité de Pretoria, consacrant la fin de la Guerre des Boers, ceux-ci reconnaissant l'autorité britannique. Les Britanniques prennent le contrôle des mines d’or du Transvaal.

- Décret constituant la colonie de Sénégambie-Niger auxquels s’ajoutent les pays de protectorat du Sénégal. Dakar est devenue la capitale de l’Afrique occidentale française.

- Inauguration du premier barrage d’Assouan sur le Nil.

- Le Comité consultatif de défense des Colonies, présidé par le ministre Gaston Doumergue, a décidé la création de “réserves indigènes” pour former une force militaire capable d’appuyer la France en cas de guerre.

- Le gouvernement espagnol est prêt à envahir le Maroc ; plusieurs navires de guerre devant Tanger.

- Les autorités allemandes ont décidé d’introduire la culture du coton obligatoire dans le sud-est du Tanganyika.

- Antilles françaises : Éruption tragique de la Montagne Pelée en Martinique, la ville de Saint-Pierre est complètement détruite (30 000 morts) du fait d'une nuée ardente.

- Les États-Unis retirent leurs troupes de Cuba qui devient indépendant.

- Inauguration de la ligne de chemin de fer entre New York et Chicago, la plus rapide des États-Unis.

- Fondation de la Cadillac Automobile Company par William Murphy.

- Première grève générale en Argentine, impliquant plus de 20 000 travailleurs.

- Début de l'exode des Juifs vers l'Amérique du Nord pour fuir les persécutions en Europe centrale.

- Le parlement australien a accordé le droit de vote aux femmes.

- En Suisse, la population a refusé par référendum la séparation de l'Église et de l'État.

- Inauguration du métro de Berlin.

- À Venise, effondrement du campanile de Saint Marc, construit en 1540.

- Fondation du Sinn Féin, mouvement paramilitaire pour l'indépendance de l'Irlande, par Arthur Griffith.

- En Russie, abolition de la peine capitale.

- Le révolutionnaire russe Lénine publie “Que faire ?”. Il y exprime ses vues sur la construction d’un parti révolutionnaire fortement centralisé.

- Joseph Djougachvili (Staline) a été arrêté au cours d’une réunion clandestine et déporté en Sibérie.

- Nicolas II de Russie a placé la Finlande sous l’autorité d’un gouverneur général russe.

- Lev Davidovitch Bronstein prend contact avec Lénine à Londres et prend le nom de Trotski.

-  Achèvement du Transsibérien (15 jours de voyage entre Moscou et Vladivostok).

- Naissances : John Steinbeck, écrivain américain ; Marcel Aymé, écrivain français ; Louise de Vilmorin (Louise Lévesque), romancière française ; Alfred Kastler, physicien français, prix Nobel de physique en 1966 ; Henri Guillaumet, aviateur français ; Vittorio De Sica, acteur et réalisateur italien ; Juscelino Kubitschek de Oliveira, politicien brésilien.

- Décès : Cecil Rhodes, politicien britannique et sud-africain ; Maria Goretti, sainte italienne ; Émile Zola, écrivain français ; Friedrich Krupp, industriel allemand. 

DANS L’AVIATION :

- Aux États-Unis, le moteur à explosion commandé par Samuel Langley était prêt. Le propulseur livré par Stephen Balzer avait été modifié par Charles Manly. Il a été testé avec succès durant dix heures au banc d’essai. Avec 5 cylindres en étoile refroidis par eau, il ne pesait que 94 kg pour 52 ch.                   (Janvier)

- En France, l’ingénieur Eugène Ducretet a fait des essais de téléphonie sans fil. Deux mois avant, Marconi avait réussi une liaison à travers l’Atlantique.                   (Février)

-   Pour la première fois, une catastrophe aérienne a fait deux morts dans le ciel parisien. L’aéronaute brésilien Augusto Severo, accompagné de son mécanicien Sachet, avait décidé de procéder au premier vol d’essai du dirigeable Pax. Il était l’inventeur et le constructeur de cet appareil qui comportait deux moteurs et plusieurs hélices dont certaines à l’avant pour «écarter l’air». Dans le parc d’aérostation de Vaugirard, l’aéronef s’est élevé à une hauteur presque double de la tour Eiffel. Affolés, les deux hommes avaient, semble-t-il, jeté du lest au lieu de modérer l’ascension. La dilation du gaz a rendu l’explosion inévitable et 2 400 m3 d’hydrogène se sont répandus dans l’atmosphère. Horrifiés, les témoins  ont relevé, parmi les débris, les corps informes des malheureux aéronautes. Ils n’avaient volé que dix minutes.                   (Février) 

- Ferdinand Ferber a fait construire par la maison Buchet, à Levallois-Perret, un  moteur à explosion développant 5 à 6 ch. pour une masse de 36 à 40 kg. Il a établi des plans de la transmission actionnant des hélices contrarotatives.                  (Mai)

- Léon Levavasseur a déposé le brevet concernant «un  moteur de 8 cylindres décalés deux à deux à 90 degrés». Il avait signé deux semaines auparavant un  accord avec l’industriel Jules Gastambide pour la construction d’un avion équipé d’un moteur ultraléger.                  (Août)

- Ferber a obtenu l’autorisation de construire sur un  terrain militaire, dans un quartier alors désert, au bout de la promenade des Anglais, un “aérodrome ”, ce terme désignant l’endroit où un aéroplane pourrait prendre le départ et atterrir.                   (Août)

- Stupéfaction générale pour des centaines de londoniens à l’apparition imprévue d’un dirigeable dans le ciel de la capitale. Le ballon, piloté par le célèbre aéronaute Stanley Spencer, est passé pendant son vol de trois heures au-dessus des quartiers sud et ouest de Londres. Spencer avait su tirer parti de conditions météorologiques favorables. Il a fait un vol de 48 km, améliorant ainsi de 32 km le record précédent du brésilien Santos-Dumont.                   (Septembre)

- Les frères Wright ont appris à dompter les vents ! Après une troisième saison sur les plages désolées de Kitty Hawk, ils sont repartis sûrs qu’ils étaient passés maîtres dans l’art de piloter leurs planeurs de bois, de câbles et de tissu. Ils étaient devenus familiers des habitants, notamment du recevoir des postes, Dan Tate, qui leur fut d’une aide précieuse lors du lancement délicat des planeurs dans  les vents de 43 km/h. Cependant, ils ont su rester des hommes tranquilles, voire austères. Le courage et la détermination ont été les clés de leur succès. Ils se sont basés au départ sur des mois de travail scientifique dans leur atelier de Dayton, dans l’Ohio, où ils ont construit une soufflerie expérimentale. Attachant des maquettes à une petite balance placée dans un flux d’air, ils ont calculé la force ascensionnelle produite et ainsi la forme de voilure la plus adaptée. Ils avaient effectué presque mille vols au départ de Kill Devil Hill. Le  plus long, d’une durée de 26 s, a atteint 189,86 m. Cependant leur succès ne tenait pas tant à la distance parcourue qu’à leur maîtrise du planeur dans les airs : ils ont appris à le faire virer, doucement, sans danger ni perte d’altitude, par simple torsion des ailes. La nouvelle étape serait d’ajouter un moteur à leur planeur. Octave Chanute, un français de Chicago, leur moniteur et ami de longue date, les y avait vivement incités. Le problème essentiel était de trouver un moteur à la fois assez  léger et assez puissant pour propulser le planeur. Il devrait ainsi développer une puissance de 5 à 10 ch., mais ne pas dépasser le poids d’un homme. Les frères Wright avaient l’intention d’aborder ce problème avec des industrielles de l’automobile, mais si cela n’aboutissait pas il se pourrait qu’ils essaient de construire eux-mêmes leur moteur.                  (Octobre)

- Gustave Eiffel est devenu membre de l’Aéro-club.                   (Décembre)

- Au retour d’une croisière, Alliot Verdon Roe s’est mis à construire des maquettes de planeurs. Ingénieur maritime anglais, il avait largement étudié le vol des albatros en mer.                   (Décembre)

-   Louis Blériot, qui avait bâti sa fortune en fabriquant des phares de voiture acétylène, a été aussi saisi par le virus de l’aviation. Il a construit trois “ornithoptères”, des appareils à ailes battantes, imitant le vol des oiseaux. Essayés sur les terrains vagues de Levallois, sous l’œil moqueur des gamins du voisinage, aucun n’a décollé. Pour l’instant, Blériot a décidé d’arrêter les expériences.                   (Décembre)